Les Vagues
J'préfèrais quand on f'sait des vagues sous couvert de l'amer âgée
Matelots en blouses uniformes, un bleu ciel qui doit s'aligner
On avait l'air si ridicules dans ces moches pyjamas trop grands
Mais paraît qu'ça tue pas tout ça, ça fait son ch'min avec le temps
On a connu des capitaines qu'ont abandonné l'gouvernail
A bord, le temps passait lent'ement mais les naufragés s'entassaient
On avait beau repeindre la cale, y a toujours des bleus qui s'écaillent
N'en déplaise à ces charognards qui voulaient t'vendre le poison frais
Si nos pensées étaient si simples, on se s'rait mis à leur niveau
Tu connais cette rime de bâtard, en parler me f'rait mal au dos
Faut soigner, employer les mots comme si c'était les tous derniers
J'ai pas envie qu'on r'tienne de moi un vocabulaire d'nouveau-né
J'vais r'prendre le large avec mes potes qu'ont rien à voir avec vos dires
J'vous laisse continuer à nuire à ceux qu'ont tout fait pour pas nuire
J'me sens bien mieux sur ce bateau que dans tous vos moyens d'transport
J'suis persuadé qu'on prend moins l'eau que dans vos conduits d'faux rapports
Comment ?
C'est indécent, c'est aussi sanglant qu'insolent
C'est oppressant, incohérent et permanent
C'est dans l'errant, stigmatisant pour l'apprenant
C'est accablant, offensant le pur combattant
C'est dans les rangs, gazant l'honnête insignifiant
C'est comme le vent, ça crée des tournants d'temps en temps
C'est cet agent qui vend sa justice au printemps
C'est un absent qui s'défend au jeu des vaillants
C'est perturbant comme les enfants des dominants
C'est alarmant pour tous les élans vers l'avant
C'est pas l'moment pourtant le penchant est piquant
C'est insultant comme un bilan d'gouvernement
C'est trop tentant, en observant l'autre arrogant
C'est fatal'ment le cœur battant du dénouement
C'est en sachant que l'omniscient finit perdant
C'est contraignant quand l’autre-ment devient constant
Table de mixage
Y a un écho bizarre qui déforme toutes les ondes
Les courbes sont plus mauvaises que sinusoïdales
Faut choper l'technicien qui réverbère cette salle
Lui dire qu'c'est plus possible, qu'ici nos oreilles fondent
Faut plus toucher à rien, faut partir maintenant
Les dégâts sont humains et plus que conséquents
Tant pis pour les refrains, le projet est mauvais
Rien ne sauv'ra les murs qu'ils érigent à nos frais
Et fallait s'y attendre vu la gueule du programme
J'aim'rais pas être de ceux qui ont payé leurs places
Cette histoire tourne en rond, c'est pire qu'dans une impasse
On sait qu'un sans-issue peut céder à la flamme
Et le pire dans tout ça, c'est qu'ça pourrait être pire
T'imagine pas la fosse accroc à tout c'bordel
Ils emploient trop de mots, j'exige qu'ils les épellent
Ou qu'ils cessent pour toujours de se prendre pour Shakespeare
Rêves et cauchemars
C'était plus doux sans tous ces angles, bordel, j'écris les poings fermés
La nuit, j'pars au pays des anges, j'te vois dormir un poil cernée
Je sais bien qu'les souv'nirs étranglent les fous qu'ils n'ont pas pu berner
Et j'dois leur paraître si étrange à tous ces gens si biens fermés
Ouais, à jeun, c'est plus difficile, j'ai la tremblote, des sueurs froides
J'dois passer pour un imbécile quand je comble le vide les mains moites
Heureus'ment, j'ai moins peur du vide, j'me surprendrais même à dit « soit »
J'ai d'plus en plus peur d'prendre le lead et d'suffoquer dans une noyade
Les mots, j'les ai lu dans les livres, à dix-mille lieues des bancs d'école
Les critiques, j'les encaisse mieux ivre mais c'est rien d'autre qu'un protocole
Les effets d'groupe, c'est pas mon truc, sans cesse en mode parabellum
J'suis solitaire et sur mes gardes, ça m'empêche pas d'varier les rhums
J'sais pas si les cris manquent de maux ou si les mots peinent à décrire
Un décor étanche qu'a pris l'eau malgré les contrôles qualités
Et si c'était bon qu'à lutter, pourquoi ne pas l'approfondir
Toute la démarche pour interdire ces produits code-barres vanités
Egotrip
Et nos regards dessinent plus rien, ils sont là et puis ils observent
Ils traduisent des états d'service dans lesquels un tas d'lois desservent
Et j'ai cru voir au fond d'tes yeux le craqu'ment d'une fin d'étincelle
Ça parait tellement prétentieux de nos jours d'observer le ciel
Si j'dis tout avec des images, c'est pour pas écrire trop d'conn'ries
T'sais, moi, les sages et les présages, j'en ai rencontrés toute ma vie
Mais c'que j'redoute, c'est ce parfum qui m'ramènera la d'où j'viens
Cyrulnik, il est bien gentil avec ses livres pour les gens biens
Y a toujours un truc qui m'échappe, comme un élément en couleurs
A part le rouge vif qui s'imprime comme un ton défiant la douleur
Ils développent le mimétisme mais c'est sûr'ment parc'qu'ils ont peur
De découvrir que le talent ne leur a fait aucune faveur
J'balance des textes après minuit, à l'heure où mes neurones sont pris
Enfin, l'emprise est quotidienne donc disons qu'le rhum a bon dos
Tous les jours, j'travaille la mémoire et dès qu'le soir s'pointe, j'la détruis
Face à nos effets secondaires, y a des écarts qu'entament l'ego